Déterminés à défendre la Fonction Publique, nos retraites et celles de nos enfants !
Le 12 décembre 2019
Après la mobilisation historique du 5 décembre, la grève a été une nouvelle fois majoritaire le 10 décembre, avec une participation très importante aux manifestations interprofessionnelles. Le SIES a attentivement écouté le discours du Premier ministre prononcé mercredi 11 décembre devant le Conseil économique, social et environnemental. Les annonces sont inacceptables, le premier ministre maintient le projet de retraite par points qui instaure également la retraite à 64 ans. Le gouvernement entend organiser la paupérisation afin d’inciter les salariés et les fonctionnaires à travailler plus longtemps. Les misérables augmentations promises, sous conditions, aux professeurs et aux CPE constituent une inadmissible duperie, à l’instar de la prime « mutation » qui serait versée aux professeurs qui accepteraient de changer régulièrement d’établissement. Devoir muter pour toucher des points de retraite, après avoir attendu de nombreuses années avant d’obtenir l’établissement souhaité, ça vous tente ? Pour compenser le préjudice causé par la retraite par points par rapport au calcul actuel, effectué sur la base de l’indice détenu durant les six derniers mois de la carrière, il faudrait rémunérer les professeurs à la hors classe, dès leur entrée dans le métier. Des milliers d’euros devraient être versés mensuellement à ceux qui sont actuellement en milieu de carrière, afin d’éviter la diminution du montant de leur future pension. Cela représenterait 10 milliards, somme que le Président de la République annonçait, lors de son discours à Rodez le 3 octobre 2019, ne pas vouloir attribuer. Après avoir tenté d’opposer les français les uns aux autres en fonction de leur métier et de leur régime de retraite, la tactique du gouvernement consiste désormais à diviser les salariés et les fonctionnaires au sein de chaque profession en fonction de leur date de naissance (né avant ou après 1975) tout en « jouant la montre », en misant sur le pourrissement de la situation et sur un éventuel épuisement des forces. Pouvons-nous nous résigner à ce que nos enfants et petits enfants subissent un système dont nous refusons qu'il s'applique à nous-mêmes ? Si la retraite par points devait s'appliquer en étant assortie de la « clause du grand père », qui peut raisonnablement croire que ce gouvernement (ou un autre) ne reviendra pas à la charge dans quelques années, pour changer une nouvelle fois les règles et imposer la retraite universelle par points à ceux qui avaient initialement été épargnés ? Ces derniers seront alors beaucoup moins nombreux pour pouvoir se défendre efficacement. Tout en s’appuyant sur la collaboration des syndicats réformistes, le gouvernement entend poursuivre un bras de fer avec les professeurs, l'ensemble des fonctionnaires et des salariés du privé et les syndicats qui défendent réellement les intérêts matériels et moraux de leurs mandants, pour tenter d'imposer sa réforme délétère. Prétendant vouloir maintenir la retraite par répartition, le Président de la République et son gouvernement préparent le terrain pour la mise en place d’une retraite par capitalisation. Régulièrement révélées au grand jour, leurs accointances avec les assureurs et les multinationales proposant des fonds de pension traduisent clairement le projet de société qu’ils veulent imposer. Le SIES rejette en bloc la retraite par points et réaffirme son attachement indéfectible au mode de calcul de la pension civile à partir de l’indice détenu durant les six derniers mois de la carrière. Le SIES revendique une augmentation substantielle de la valeur du point d’indice et une revalorisation significative des différentes grilles indiciaires sans aucune contrepartie. Comme il l’a fait dès le 5 décembre, le SIES appelle à la reconduction de la grève. Le SIES appelle à faire de la journée du jeudi 12 décembre une nouvelle journée de grève majoritaire et de manifestations. Le SIES appelle également, avec l’intersyndicale nationale, à faire de la journée du mardi 17 décembre une nouvelle journée interprofessionnelle massive de grève et de manifestations. Nous poursuivrons jusqu’au retrait !
La mise en place de la démocrature que le SIES dénonce régulièrement depuis deux ans dans ses publications s’accélère avec l’application de la scélérate Loi Dussopt, dite de « transformation de la fonction publique » qui, en supprimant le paritarisme, retire aux fonctionnaires toutes leurs protections statutaires et donne à l’administration un pouvoir proche de celui qu’elle détenait avant 1945. Les petits chefs se frottent les mains ! Dans ce contexte sinistre, la diminution du nombre d’inscrits aux concours se poursuit cette année encore, cela se traduit par une dramatique diminution du niveau de recrutement. La réforme de la formation des enseignants parachèvera la catastrophe. En effet, le ministère prévoit de majorer de façon totalement disproportionnée le poids de l’oral (70 %) dans le nouveau concours, avec une épreuve « d’entretien sur la motivation du candidat et sa connaissance de l’environnement et des enjeux du service public de l’éducation ». La seule épreuve disciplinaire sera une épreuve écrite comptant pour 15 % seulement avec une note éliminatoire placée à 5/20, mais pouvant être ajustée en fonction des disciplines. L’autre épreuve écrite sera didactique, le candidat devant élaborer une séquence pédagogique en s’aidant de ressources trouvées sur internet. Le SIES considère que l’autorité d’un professeur repose essentiellement sur la maîtrise de la discipline qu’il enseigne. Le ministre Blanquer prétendait le combattre, il consacre le pédagogisme.
Jean Baptiste VERNEUIL - Président du SIES
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