De l'écriture inclusive.

    octobre 2021

 

Contrairement aux intentions avouées de ses inventeurs, l’écriture dite inclusive n’inclut personne mais exclut les femmes comme les hommes de leur commune humanité, elle leur refuse d’être les mêmes dans la différence de l’individualité et les réduit à leur sexe confondu abusivement avec le genre grammatical qui est, avant tout, une façon particulière à chaque langue d’envisager le monde. En outre, elle refuse de considérer que, dans de nombreuses langues, l’expression du genre ne se limite pas au masculin et au féminin, mais envisage le neutre, comme en allemand, en grec, en russe ou en slovène, quand d’autres langues n’expriment pas le genre, comme l’anglais, le basque, le turc ou le hongrois, et qu’il y a plus de trois genres dans d’autres langues*. Le critère le plus notable, d’ailleurs, pour différencier les genres n’est pas le sexe mais plutôt l’animé et l’inanimé, ce qui vit et ce qui ne vit pas aux yeux humains, comme en polonais, par exemple.

 

Les promoteurs de « l’inclusivisme » sont donc des gens à courte vue, des ignorants de l’histoire et de la signification de la langue et ils veulent imposer une idéologie restrictive et oppressive à travers cette langue, patrimoine collectif et universel qui n’est en aucun cas un outil de morale puisqu’elle a pour fonction essentielle d’exprimer la pensée dans toutes ses dimensions. Comme la plupart des fanatiques, les « inclusivistes » ne voient le monde et la société que d’un seul point de vue, celui de l’opposition entre les hommes et les femmes, entre les hétéro- et les homosexuels (sans mention des trans-, bi- et asexuels), entre les blancs et les noirs (sans considérer les jaunes, les bleus ou les marrons), entre les oppresseurs, toujours vilains et les opprimés toujours gentils : vison manichéenne et réductrice dont la brutalité ne le cède qu’à la naïveté voire à la bêtise, à moins que ce ne soit de la fourberie. Comment peut-on croire et faire croire que modifier et compliquer l’expression écrite d’une langue va promouvoir l’égalité de tous ?

 

Le militantisme sans réflexion s’arroge donc le droit de modifier un bien commun, une chose publique dans un but de propagande et d’intérêt individuel : le néo-féminisme est à l’œuvre qui veut faire croire que les hommes mâles, les « masculinistes » « cis-genre » blancs (en supposant que les mêmes masculinistes cis-genre mais noirs ne doivent qu’à leur couleur de n’être pas les oppresseurs de la féminité ou du « genre fluide ») sont tous des adeptes inconditionnels de la violence patriarcale et bourgeoise contre le reste de l’humanité. En réalité, les « inclusivistes » imposent une vision « clivante » (le terme est à la mode) du monde : la référence minérale a toute son efficacité dans cette tentative de séparer, de briser les fondements mêmes de la société voire de la nation en les privant de ce qui rassemble les hommes au-delà des frontières et des oppositions idéologiques, religieuses ou politiques : une langue commune, partagée et immédiatement compréhensible par tous, une langue qui s’élabore depuis des siècles en fonction des idées, des mentalités, des échanges qui évoluent et s’adaptent au monde, une langue qui est la vraie patrie de tous ceux qui la parlent et l’écrivent, lieu suprême de la liberté humaine.

 

Refuser l’écriture inclusive c’est donc refuser de participer à une opération de destruction qui est, de toute façon, vouée à l’échec pour des raisons objectives et pratiques : toute nouvelle graphie n’est intégrée que par l’usage sur le long terme et, souvent, avec difficulté car cela oblige à modifier de nombreuses habitudes et la principale, qui est fondamentale en linguistique, est celle de l’économie de moyens, en d’autres termes, la paresse des locuteurs !

 

Anne-Marie CHAZAL - Professeur de lettres classiques, Membre du Bureau du SIES

 

Notes bibliographiques :

*cf. Patricia VIOLI, « Les origines du genre grammatical » in Langages, vol. 21, n° 85, 1987

Émile BENVENISTE, Problèmes de linguistique générale, II, « Structure de la langue, structure de la société », Gallimard, coll. Tell, 1974

Sabrina MATRULLO, « Pourquoi je suis contre l’écriture inclusive », in Contrepoints, 15 janvier 2018

Ralph LA CARTOUCHE, « L’Écriture abusive » sur You Tube : https://www.youtube.com/watch?v=FViXADQb_k0


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